Une simple activité de décoration ?
Sublimer la nature, souligner sa beauté dans une recherche à la fois de formes et de couleurs est une philosophie toute particulière.
L'art traditionnel japonais de l'ikebana Kadō fait partie des chemins spirituels, tout comme la voie des arts martiaux Bushidō ou la voie du thé Sadō qui témoignent de "l'expression d'une vision de la vie" comme l'explique Gusty Luise Herrigel dans son livre intitulé La voie des fleurs (Dervy Ed.).
L'ikebana se traduit par « fleur vivante». Cette pratique ancestrale, qui trouve son origine dans les rituels religieux d'offrandes de fleurs, est devenue au fil du temps un véritable art et les compositions florales ont intégré les maisons.
De l'esthétique avant tout !
La présence de l’eau comme élément indispensable à tout arrangement sera particulièrement mise en valeur dans les coupes basses. En effet dans un moribana, l’espace destiné à l’eau doit pouvoir laisser circuler un petit poisson ! Le végétal doit aussi pouvoir se refléter dans l'eau.
Moribana : style caractéristique de l'école Ohara, le moribana consiste à disposer les végétaux dans un contenant peu profond et large, afin de mettre en valeur l'étendue de la surface et pas seulement le mouvement des lignes.
Les végétaux sont disposés sur des pique-fleurs appelés kenzan. Les shippô permettent de faire tenir des branchages épais.
Le vide est un autre composant essentiel : le regard doit pouvoir circuler dans la composition. Il fait partie intégrante de l'esthétique de l’ikebana. Tout comme la recherche de l'asymétrie des végétaux.
A la vue d'une composition, le regard peut être déconcerté par tant de simplicité, et pourtant c'est cela qui crée l'harmonie. Les branchages de la viorne (moribana incliné) et du fenouil (moribana vertical) ci-dessous ont été élagués afin de faire apparaître des lignes.
L’herborisation : des branches, des fleurs, des feuilles, de l'herbe, des fruits et même du bois mort pour certaines compositions ! Les végétaux peuvent s’acheter bien sûr chez le fleuriste. Pour les amoureux de belles promenades en campagne, forêt ou bord de mer, toutes les saisons conviendront pour laisser libre court à leur inspiration. Les fleurs du jardin sont aussi les bienvenues ! Ci-dessous, le cosmos et le muflier sont associés à des feuilles d'hortensia.
Le contenant : cette composition sur une coupe haute s'appelle un hiraku. L'harmonie entre les végétaux et le contenant est recherchée. Pour le contenant, son aspect, sa forme, sa couleur font partie de l'esthétique : un vase transparent ou une simple vannerie sont du plus bel effet !
Alors découverte ? Initiation ? Atelier ?
Il existe plusieurs écoles qui ont chacune leur spécificité. On peut retrouver des similitudes dans certaines des compositions d'une école à une autre, les noms des compositions peuvent alors différer. On compte 5 écoles les plus importantes au Japon : Ikenobo, Ichiyo, Ohara, Sogetsu et Misho.
Les écoles les plus connues sont Sogetsu, Ohara et Ikenobo. Ikenobo est la plus ancienne. L'école Sogestu est la plus récente et avant-gardiste. L'école Ohara a été fondée par Unshin Ohara à la fin du XIXe, en 1895. Il a créé le style moribana, lequel débouchera plus tard sur l’arrangement paysage.
Dans l'ouvrage Ikebana : l'art de composer au fil des saisons, vous trouverez une présentation de ces 3 écoles, ainsi que les compositions décrites étape par étape :
Les occasions sont multiples de rencontrer cet art, notamment lorsqu'on visite des parcs ou jardins orientaux. Il est possible de s'inscrire à des stages qui sont régulièrement proposés au Parc Oriental de Maulévrier. Les Jardins des RENAUDIES organise également des ateliers. Le Musée départemental des Arts asiatiques de Nice invite des grands maîtres pour des démonstrations gratuites au public. On peut aussi assister à la cérémonie du thé ! Enfin, on ne peut pas parler d'ikebana sans citer La maison de la culture du japon, à Paris, qui propose des expositions et des tutos... Alors à vos agendas !
Et pour la lecture...
- La voie des fleurs de Gusty Luise Herrigel. Ce livre qui aborde le zen dans l'art japonais des compositions florales constitue un rare témoignage de l'expérience de l'apprentissage de l'ikebana. Un livre à savourer !
- La revue bimestrielle Esprit Bonzaï propose à chaque numéro 4 pages consacrées aux écoles Sugetsu et Ohara. Deux maîtres ont carte libre pour s'exprimer : de belles compositions très inspirantes parfois assorties de poèmes.
- Les magazines de loisirs créatifs sur la composition florale font de temps en temps des focus sur l'ikebana. La revue Atelier floral (trimestriel) a proposé dans le numéro 61 (printemps 21) un reportage sur Thai Thomas Mai Van, maître de l'école Ikebono.
- Et puis sur Youtube, on trouve beaucoup de démonstrations et expositions mais les chaines intéressantes sont souvent en anglais.
La liste n'est pas exhaustive, il y a certainement encore beaucoup d'informations à partager !
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